Qu’appelle-t-on la sclérose en plaque progressive ?
Seprogressif ne vous expliquera pas ce que même la communauté médicale ne sait pas.
La physiopathologie de la sclérose en plaques (SEP) dans ses formes progressives est moins connue que celle de forme rémittente-récurrente pour laquelle il y a de nombreuses publications et sur laquelle s’est orientée la recherche thérapeutique.
Cette forme de SEP concerne plus d’un malade sur deux, nous souhaitons simplement la mettre en lumière.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune chronique et neurologique. Elle touche le système nerveux central (SNC). Elle représente la seconde cause d’invalidité, après les accidents de la route, chez les jeunes adultes. Elle peut-etre de gravité différente selon les personnes, et il est difficile d’en prévoir l’évolution. L’ARSEP avancerait en 2016 que 5 à 10 % des patients SEP auraient une forme bénigne. La SEP concerne 120 000 malades en France, 2.5 millions dans le monde, 1 million parmi eux souffrant de SEP progressive. Sa présence est d’autant plus marquée dans les pays industrialisés.
En 1868 Jean-Martin CHARCOT, en faisait une première description, mais devant sa physiopathologie compliquée, les professionnels de santé ont défini plusieurs formes de la maladie et établirent des classifications.
La classification actuelle est la suivante :
Rémittente Récurrente:
Primaire Progressive:
Secondaire Progressive:
La maladie commence par une forme progressive pour 15 % des cas (SEP -PP), on l’appelle aussi primaire progressive. 85 % débutent avec la forme dite récurrente-rémittente et parmi ceux-ci 50 % auront une évolution vers la forme secondaire progressive (SEP-PP).
On peut donc dire que 58 % des patients de sclérose en plaques, auront une forme progressive et invalidante, forme pour laquelle il n’existe pas aujourd’hui de réelle thérapie ainsi qu’un manque de recherche.
Les manifestations de la SEP progressive
En ce qui concerne les formes progressives primaires et secondaires, on retrouve une accumulation des handicaps moteurs et sensitifs ou/et cognitifs.
Des attaques inflammatoires lors des poussées qui aggravent leurs déficits.
Qu’appelle-t-on poussée ?
Une cellule nerveuse c’est un noyau avec un corps cellulaire et un axone recouvert d’une protection nommée myéline, permettant la conduction au système nerveux. Lors des poussées, les cellules immunitaires attaquent la myéline, la cellule n’est plus en état d’envoyer correctement les messages. Au départ, les symptômes sont visibles pendant le temps de la poussée puis régressent. (rémission).Le corps est capable de réparer la myéline abimée. Mais les poussées successives abiment la myéline et les cellules nerveuses. Lorsqu’elles ne fonctionnement plus, le handicap est là.
Comment fonctionne la SEP progressive ?
Elle est caractérisée par la dégénérescence des cellules neuronales dont on ne connait pas les processus pathologiques.
On a longtemps pensé que les formes progressives sans poussée n’avaient pas d’activité inflammatoire, que l’on repère à l’IRM (imagerie médicale). C’est en 2015 que fut mis en évidence un biomarqueur sanguin sensible, (les neurofilaments libérés par les neurones ou axones lésés) montrant une inflammation à bas bruit ne répondant pas aux anti-inflammatoires, élément fondamental du traitement pour la forme rémittente-récurrente de la SEP.
On peut donc se poser des questions sur cette activité inflammatoire sur laquelle il y a focalisation, et son importance dans la dégradation clinique des malades.
Que pouvons-nous espérer ?
- La thérapie cellulaire : : les greffes de cellules souches mésenchymateuses et greffes de cellules souches hématopoïétiques
- Concernant la recherche sur la SEP progressive, souhaitons un rassemblement à l’international regroupant tout ce qui touche à la santé, ainsi que des patients, pour travailler ensemble et trouver une réponse thérapeutique adaptée pour les personnes malades.
La progression silencieuse dans la sclérose en plaques récurrente sans activité de la maladie
Annals of Neurology, mai 2019 ; 85(5): 653–666.
Publication en ligne : 30 mars 2019. doi: 10.1002/ana.25463 - https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6518998/
Objectif :
Les taux d'aggravation et d'évolution vers une sclérose en plaques (SEP) secondaire progressive peuvent être sensiblement inférieurs chez les patients recevant un traitement comparativement aux études historiques réalisées avant le traitement. Néanmoins, dans notre cohorte prospective récemment communiquée, plus de la moitié des patients atteints de sclérose en plaques récurrente ont accumulé un nouveau handicap significatif avant la 10ème année de suivi. En particulier, l'absence de signes d'activité de la maladie à deux ans ne permet pas de prédire la stabilité à long terme. Nous avons déterminé dans quelle mesure les poussées cliniques et les signes radiologiques d'activité de la maladie contribuent à l'accumulation de handicap à long terme.
Méthodes :
La progression du handicap a été définie comme une augmentation de l'échelle EDSS (Expanded Disability Status Scale) de 1,5, 1,0 ou 0,5 (ou plus) par rapport à l'EDSS de départ = 0, 1,0-5,0 et 5,5 ou plus, respectivement, évaluée à partir de l'année 5 (±1 an) et maintenue jusqu'à l'année 10 (±1 an). L'analyse longitudinale de la perte relative de volume cérébral a utilisé un modèle linéaire mixte avec pour covariables le sexe, l'âge, la durée de la maladie et HLA-DRB1*15:01.
Résultats :
Les poussées ont été associées à une augmentation transitoire du handicap sur des intervalles d'un an (p = 0,012) mais sans progression confirmée du handicap (p = 0,551). Le volume cérébral relatif a diminué plus rapidement chez les personnes dont le handicap a augmenté que chez celles dont le handicap est resté stable (p < 0,05).
Interprétation :
L'aggravation à long terme est fréquente chez les patients atteints de SEP cyclique, elle est largement indépendante de l'activité des poussées et est associée à une atrophie cérébrale accélérée. Nous proposons le terme de progression silencieuse pour décrire le handicap insidieux qui s'accumule chez de nombreux patients qui ne remplissent pas les critères traditionnels de la SEP rémittente.